La vie d’un avocat aux Assises : Au-delà des tribunaux, au coeur de la Justice.

Les assises représentent une arène particulièrement intense. Pour les avocats qui y évoluent, cette expérience va bien au-delà de la simple plaidoirie. C’est un voyage au cœur de la justice, où chaque cas représente une histoire humaine complexe. “Aquitator”, qui vient de quitter nos rangs pour la politique, en est à la fois l’un des plus connus, et l’un des plus singuliers. Cet article plonge dans le quotidien des avocats aux assises, explorant les défis, les émotions et les réflexions qui accompagnent leur travail.

  1. Les Préparatifs :
    • La sélection minutieuse des affaires : Comment les avocats choisissent-ils leurs clients et leurs cas ? C’est ici une des questions les plus courantes, et les plus importantes. L’avocat n’est pas obligé d’accepter toutes les affaires. Il peut au contraire, et cela est naturel, refuser des dossiers, particulièrement pour des raisons morales. Pourtant, l’avocat est d’abord un défenseur : Il doit défendre et c’est sa mission première. Ainsi, et quelle que soit la personne ou la cause à défendre, le rôle de l’avocat est fondamentalement d’assurer une mission générale et d’intérêt public.
    • L’importance de la préparation : De la collecte de preuves à la construction de la défense, chaque détail compte. Mes professeurs m’ont appris que l’avocat est meilleurs lorsqu’il intervient soit après une très longue préparation, soit au contraire lorsqu’il réagit sur le vif, avec spontanéité. Mais en matière d’assises, il faut un peu des deux, car les débats peuvent réserver des surprises.
  2. Le Jour J :
    • L’atmosphère dans la salle d’audience : Tension, émotion et anticipation se mêlent alors que le procès commence. Souvent une partie des jurés n’avait aucune intention de se trouver dans une salle d’assises, et va devoir se laisser guider, et faire confiance aux magistrats professionnels. Les parties civiles, victimes, portent toute l’émotion du procès.
    • La plaidoirie : C’est l’art de convaincre, de défendre et de représenter avec passion et éloquence. L’avocat des parties civiles ne va pas directement rechercher à caractériser l’infraction. ll va plutôt révéler et marquer les esprits par les circonstances des faits. Ainsi, certains avocats vont faire vivre l’infraction aux jurés, précisant les regards, les odeurs, la douleur. La Défense, au contraire, voudra expliquer l’inexplicable, et mettre en évidence la faiblesse des hommes. La Défense pourra également chercher à mettre en évidence la faiblesse des preuves, et la part d’incertain. Certains plus rares, peuvent s’en prendre non pas simplement aux éléments matériels de l’enquête et de l’instruction criminelle, mais particulièrement aux circonstances, au travail des enquêteurs, à la personnalité, à leurs faiblesses personnelles. Ainsi le lien de confiance entre les jurés et les magistrats professionnels sera réduit, voir brisé, et les jurés décideront avec une moindre influence des magistrats professionnels : c’est la plaidoirie de rupture, et celui qui s’y adonne sait ce qu’il risque, mais aussi ce qu’il peut gagner. Ici seront mises en évidence les formes et les faiblesse du système judiciaire.
  3. Les Réflexions :
    • Éthique et équilibre émotionnel : Les dilemmes moraux rencontrés dans la représentation des clients accusés de crimes graves. Il s’agit de la question qui m’est le plus souvent posée par mes élèves, mais aussi par certains justiciables qui ne sont pas impliqués dans une affaire pénale grave. Ma réponse est très simple : L’avocat existe pour défendre. Son rôle est essentiel. Il doit conserver son indépendance et n’est pas souvent naïf. Cependant, avant même de croire et de choisir de faire confiance dans son client, et le cas échéant dans son innocence, l’avocat est celui qui protège de son mieux l’accusé du système judiciaire et de sa brutalité, car l’accusé c’est peut être votre ami, votre frère, votre mère.

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