Avocat(e)s, je vous aime !

C’est par cette déclaration que je souhaite marquer mon retour sur le réseau et imiter l’écrit qu’avait déjà signé en 2019, mon éminent collègue Clément BERGERE-MESTRINARO dans la Gazette du Palais.

Parce que cinq ans après, et quelques jours après la journée nationale des relations avocats-magistrats, les tensions entre avocature et magistrature sont toujours bien présentes.

L’actualité récente à Paris et Marseille le démontre.
Toutefois, loin de moi , l’idée de jeter l’opprobre sur mes collègues magistrats car je n’étais pas présent au Tj de Paris et n’exerce pas à la JIRS de Marseille.
Mais j’ai lu et écouté les commentaires qui montrent à quel point les clichés sur les deux professions ont la dent dure et sont entretenus par l’insuffisance des moyens de la justice.

Je me concentre ce matin sur l’avocat, rouage essentiel de l Etat de droit et défenseur des libertés individuelles comme le magistrat.

L’avocat est vu de manière caricaturale comme l’immoral défenseur de l’assassin, insensible à la vérité, soucieux de détruire les procédures, prompt à demander des renvois dilatoires pour empêcher le travail des magistrats et avare de longues plaidoiries allongeant le temps d’audience.

Celles et ceux qui me connaissent savent que j’ai pu avoir souvent le verbe haut à l’audience à l’égard de mes contradicteurs avocats, mais jamais au grand jamais, n’ai-je versé dans cette vision caricaturale de la mission de l’avocat.

L’avocat est soumis à un code de déontologie et aux codes de procédure et dans ce cadre là, il reste libre du type de défense qu’il souhaite exercer, étant précisé qu’il est le mandataire de son client. Il n’est ni le supplétif ni l’auxiliaire du juge, il concourt à l’exercice de la Justice même si parfois son travail va paralyser l’action judiciaire.

En ma qualité de magistrat, j’ai le devoir d’accepter sa mission qui concourt autant que la mienne à la vitalité d’un État de droit. Et j’ai le devoir comme je le fais ce matin de dissiper et de combattre les préjugés son encontre, qui nuisent à la Justice.

Je rajouterai encore que j’ai le devoir de dénoncer les conditions de travail dans lesquelles les magistrats exercent, la pression des chiffres et des stocks qu’ils subissent, la grave insuffisance de leurs moyens en matière de criminalité organisée mais que je ne dois pas les reprocher aux avocats qui peuvent en profiter indirectement. Seuls les décideurs publics en sont responsables.

Alors, voilà, cette sobre manifestation d’empathie n’empêchera sûrement pas les raccourcis sur les relations magistrats avocats mais elle aura au moins le mérite d’exister.

Par jérome PAUZAT, MAGISTRAT

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